Interview avec Amidou Hassan

Amidou Hassan
Source de la photo : www.facebook.com
« Nous avons un génie entraînant les Hirondeaux. J’ai cité la personne de Willfeld Rainer. Allemand rompu à ce métier d’entraîneur. Il est très fort. Les schémas tactiques qu’il inculque à nos garçons m’impressionnent. »
Le journaliste sportif Amidou Hassan sort de l’ordinaire. Universitaire de son état, il travaille à la Radio Culture du Burundi. Et a été un bon gardien de but dans les clubs phares de la capitale à l’instar de Vital’O, Flamengo, LLB Academic, Royal FC.
Diplôme d’Amidou Hassan pour entraîneur de gardien de but de premier niveau
Les études universitaires et le football sont rarement compatibles. Il a choisi de mettre fin à sa carrière de goal keeper. Pour poursuivre ses études et sa profession de journaliste sportif. Féru du ballon rond, il l’est sans aucun doute. Patriote aussi. C’est dans ce sens qu’il a opté pour la formation des gardiens de but des Hirondeaux. Avec l’aval d’un entraîneur allemand émettant sur la même longueur d’onde que lui.
Dans cette interview, il donne sa lecture du match aller tenu à Djibouti entre les Hirondeaux et le Djibouti U20.
Bonne réception.
1) Amidou Hassan, bonjour. Vous êtes proche des Hirondeaux du Burundi. Et pour cause, vous entraînez les gardiens de but de cette sélection burundaise. Le nul des Hirondeaux à Djibouti a surpris plus d’un. D’aucuns pensaient que nos juniors allaient avoir partie facile face à une équipe réputée plus faible. Pourquoi ce nul ?
Bonjour Monsieur Sota. Pour être sincère, on pensait avoir partie facile face à ces Djiboutiens. Surtout que dès l’entame du match, les Burundais ont multiplié leurs assauts offensifs et ont manqué de peu l’ouverture du score à la 5ème minute. Occasion en or ratée ! L’excès de confiance nous a fait défaut quand nous avons encaissé le 1er but du match suite à une grossière mésentente entre notre goal keeper et un de nos défenseurs centraux. Qui plus est, il faut dire que nos garçons ne sont pas habitués à jouer sous une canicule de 45 degrés. Chaleur torride. Et préjudiciable à un bon rendement.
Soulignons le mauvais accueil qui nous a été réservé. Dans un hôtel nommé Siesta indigne de recevoir des visiteurs. Côté repas, je n’ai pas honte de le dire, la nourriture était insuffisante pour une délégation de 26 personnes. Ledit Hôtel préparait une nourriture pour 15 personnes, pas plus ! Et encore ! Quelle nourriture ! Quantité et qualité n’y étaient pas. Ce n’est pas de cette manière que les burundais traitent les visiteurs. Franchement, il y a des pays qui devraient prendre des cours chez nous. Le Djibouti en fait partie.
2) Comment avez-vous trouvé l’adversaire ?
Collectivement, le Djibouti est plus faible que nous. A plusieurs reprises, nous avons dérouté l’adversaire quand nous parvenions à jouer balle au sol. J’ai noté quelques individualités remarquables à l’instar du numéro 7, le numéro 9 et le numéro 10. Ces 3 pièces maîtresses du Djibouti ont profité en première mi-temps d’un bloc défensif burundais mal en place. Avec beaucoup d’erreurs commises. Notons aussi la vitesse de l’ailier droit du Djibouti évoluant dans l’AS Djibouti Telecom aux côtés du Burundais Nzokira Joseph, gardien de but.
Globalement, c’est une équipe qui pratique le 4-3-3. La défense est prenable. Le milieu est le point fort des Djiboutiens. L’attaque est fébrile, mais peut surprendre en cas de bourde comme le but que nous avons encaissé.
En seconde partie, les Burundais ont changé la physionomie de la première mi-temps. D’où ce but égalisateur intervenu en seconde mi-temps suite à une domination territoriale de nos garçons. On a posé le ballon par terre, les Djiboutiens ont alors perdu le nord. Un jeu de passes à la Barça (j’exagère un peu), mais les Djiboutiens, ne pouvant pas tenir face à ces passes déroutantes, se sont contentés d’effectuer de longues passes aériennes et imprécises. Dommage que nous n’ayons pas su concrétiser les nombreuses occasions manquées.
3) Comment s’annonce le match retour prévu à Bujumbura ?
Nous sommes confiants. Et espérons une victoire à domicile synonyme de qualification. Évidemment qu’il n’est pas question de sous-estimer l’adversaire. Nous le respectons et sommes conscients qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise désagréable au football. Tout peut arriver. Le moral de nos garçons est au beau fixe. C’est important pour aborder un match avec sérénité.
4) Les préparatifs des Hirondeaux répondent-ils adéquatement aux normes du football moderne ?
Oui. Croyez-moi, nous avons un génie entraînant les Hirondeaux. J’ai cité la personne de Willfeld Rainer. Allemand rompu à ce métier d’entraîneur. Il est très fort. Les schémas tactiques qu’il inculque à nos garçons m’impressionnent. Il part des schémas de base et finit par les notions du football professionnel. Sans parler des exercices physiques dignes d’un fin connaisseur.
Il faut souligner que Rainer vient de passer plus d’une année avec cette équipe des Hirondeaux. Il est méritoire à plus d’un titre car c’est lui qui a cherché les fonds destinés à soutenir cette jeune équipe via la coopération entre le Burundi et l’Allemagne. Grâce au Comité Olympique allemand.
Je félicite aussi le nouveau Comité Exécutif de la FFB dirigé par le Sénateur Révérien Ndikuriyo. Nous venions de passer plusieurs années sans équipe nationale junior. Elle avait été jetée aux oubliettes. Ndikuriyo et son équipe l’ont ressuscitée. Idem pour les U17 qui referont surface très bientôt sur la scène internationale. C’est un changement significatif qui différencie Révérien de son prédécesseur.
5) En cas de qualification burundaise pour le tour suivant, les Hirondeaux auront en face d’eux un géant qui s’appelle les Lionceaux Indomptables du Cameroun. Comment entrevoyez-vous ces deux matchs (aller et retour) ?
Géant oui, mais insurmontable non ! Il faut dire que le Cameroun n’est plus ce qu’il était les années antérieures. Les Lions paraissent avoir vieilli. Les Lionceaux aussi par voie de conséquence. Cela étant, je ne dévalorise pas ce grand pays de football. Il est de loin mieux placé que nous au classement FIFA publié chaque mois.
Nos jeunes le savent. Et ont hâte de croiser le fer avec le Cameroun. Ils se disent prêts à jouer sans complexes. Mais savent qu’il faudra batailler très ferme pour venir à bout de ces Lionceaux.
Une seule chose les hante : aller plus loin que leurs aînés de glorieuse mémoire dont Daudi Shabani, Irambona Massoud (Entraineur Adjoint des U20), feu Kapinga, Kakenge, Ndikumana Emedy, Niyonkuru Olivier Mutombola, etc…
6) Sachant que, jusqu’ici, le Burundi n’a jamais réussi à éliminer le Cameroun pour une compétition de la CAF, peut-on cette fois s’attendre à un coup d’éclat ?
Concentrons-nous d’abord sur le match retour entre le Burundi et le Djibouti. Ne brûlons pas les étapes. Après, on verra. Affronter les Lionceaux sera une autre paire de manches.
Propos recueillis par Patrick Sota