Retrouvailles avec les visiteurs du Blog de Patrick Sota
Posté par patricksota le 7 janvier 2013
Très chers visiteurs du présent Blog
Sylvère Sota n’est plus
Je viens de passer plus de 10 jours sans publier quoi que ce soit sur votre Blog préféré. Et pour cause, la mort inopinée de mon père en la personne de Sylvère Sota m’a complètement déboussolé. Il est tombé dans son salon suite à un arrêt cardiaque le 28 décembre 2012 à 2 heures du matin.
Affolé, je l’ai conduit à l’Hôpital Militaire de Kamenge. Arrivé sur les lieux, le médecin de garde m’a dit qu’il n’y a plus moyen de le sauver. « Désolé Monsieur Patrick Sota, votre père est déja mort ! Mes sincères condoléances. Retenez-vous et annoncez la triste nouvelle aux membres de sa famille, à ses amis et connaissances ». Chose que j’ai aussitôt faite la voix étranglée par mes cordes vocales devenues raides comme un bâton.
Beaucoup l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure avec nous (ses 6 enfants : Olivier (l’aîné), Patrick, Hervé, Jimmy, Emmanuel et Ange (la cadette). Et ce, après une mess dite en sa mémoire à la Cathédrale Regina mundi.
Au domicile de Sylvère Sota a eu lieu un deuil de 10 jours. Je n’ai pas eu une seule minute de répit durant ces moments de dures épreuves. Voilà pourquoi Le Blog de Patrick Sota n’a pas été fonctionnel ces derniers jours. Impossible d’y accéder. Je n’ai même pas eu le temps de m’excuser auprès de mes très chers visiteurs. Pour annoncer l’arrêt temporaire des activités du Blog de Patrick Sota. Circonstances atténuantes obligent.
Je ne suis donc pas à jour par rapport à l’actualité footballistique nationale. Mais vais essayer de rattraper ledit retard. Pour reprendre contact avec vous. Sachez que mes visiteurs m’ont manqué. Et que, malgré les moments de peine et d’indicible tristesse que j’ai vécus, ces derniers n’ont cessé d’exister dans mes pensées.
Une consolation tout de même : le nul arraché par les Hirondelles au Kenya face aux Harambe Stars (0-0) a versé chez moi du baume au coeur. Il fallait bien un évènement de ce genre pour essuyer mes larmes. On espère alors que ces braves Hirondelles viendront à bout des Crocodiles du Nil (Soudan) au 2ème tour des éliminatoires du CHAN 2014. En somme une autre paire de manches. Tous derrière ces dignes ambassadeurs sportifs que sont les Hirondelles du Burundi. Quelle fierté pour les barundi !
Avant de finir, permettez que je publie les faits saillants ayant jalonné les péripéties de feu Sylvère Sota, un être très cher à moi qui, hélas, m’a quitté. Ainsi va la vie. Ainsi va le destin. Il faut désormais regarder devant et honorer sa mémoire. En suivant scrupuleusement ses préceptes d’honnêteté, de travail, d’excellence et de bienséance.
PARCOURS DE FEU AMBASSADEUR SYLVERE SOTA
Feu ambassadeur Sylvère Sota
L’ambassadeur Sylvère Sota n’est plus. Voici brièvement l’homme que nous pleurons aujourd’hui.
Sylvère Sota est né le 26 octobre 1938 sur la colline Ijuru en commune Mugamba dans la province de Bururi.
De 1947 à 1951, il a effectué le début de ses études primaires à Bisoro dans la province de Mwaro.
De 1951 à 1952, il quitte Bisoro pour poursuivre ses études primaires à Giheta.
De 1952 à 1953, il a brillamment réussi la dernière année des études primaires appelée à l’époque la 6ème sélectionnée. C’était à Giheta dans la province de Gitega.
En 1953, il réussit sans coup férir le concours d’entrée au Groupe Scolaire d’Astrida à Butare (Rwanda). Concours sélectif réunissant les écoliers venant du Congo belge et du Rwanda Urundi.
De 1953 à 1959, il a fait le cycle complet des Humanités Modernes Scientifiques au Groupe Scolaire d’Astrida. En 1959, il obtient le diplôme de fin d’Humanités Modernes Scientifiques A avec Grand Fruit. Et termine premier de classe dans sa promotion. Durant ses Humanités Scientifiques A, il a reçu un prix attribué au meilleur élève de Mathématiques dans tous les pays de l’Afrique francophone suite à un concours organisé à Abidjan. Ce prix était un livre de trigonométrie rectiligne.
En 1959, il réussit l’examen d’entrée en section polytechnique à l’Université Officielle du Congo belge et du Rwanda Urundi à Elisabethville appelée aujourd’hui Lubumbashi. Hélas, suite aux problèmes d’insécurité survenus à l’indépendance du Congo belge, Sylvère Sota est revenu au Burundi en 1960 à la fin de la 1ère Candidature.
De 1961 à 1962, il a d’abord presté à la Regideso (Régie des Eaux) comme chef de poste d’abord et chef d’épuration de l’eau ensuite. Il a aussitôt remplacé le belge Raoul Pire à la Direction Technique de ladite institution. Hanté par l’idée de poursuivre ses études supérieures, il décroche une bourse pour aller en France.
C’est ainsi que le 04 novembre 1962, il est parmi les tous premiers barundi à intégrer la prestigieuse Académie Militaire de Saint-Cyr créée par Napoléon Bonaparte en mai 1802. Et connue sous le nom de Premier Bataillon de France.
Sylvère Sota à Saint-Cyr (élève officier situé à l’arrière-plan en 3ème position de droite vers la gauche)
De 1962 à 1965, il fait L’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr (Promotion Centenaire de Camerone) à Coëtquidan et L’Ecole d’Application du Génie à Angers, toujours en France. Il rentre au pays le 10 août 1965 avec le grade de Sous-Lieutenant. Et est appelé à servir la Compagnie Support (actuel Camp Muha).
Sylvère Sota à Saint-Cyr à la cantine de l’Ecole
Le 12 janvier 1966, il est muté à Bururi au Centre d’Instruction appelé CI. Et exerce le métier d’instructeur.
Sylvère Sota à Saint-Cyr en train de lire un roman intitulé Les Chimères Noires et écrit par Lartéguy
Le 12 mai 1966, il passe à L’Etat Major Général et travaille dans le service du Génie.
Le 13 juillet 1966, il est nommé Ministre des Travaux Publics, des Transports, de l’Equipement et de l’Aéronautique sous le règne éphémère du roi Ntare V.
Le 01 novembre 1966, il est commissionné au grade de Commandant.
A l’avènement de la 1ère République le 28 novembre 1966, il est membre important du Conseil National de la Révolution (CNR), instance suprême du pays. Il reste au Ministère des Travaux Publics comme Ministre dudit maroquin.
Il est membre de la Commission permanente pour l’étude de l’adhésion du Burundi à la Communauté Est Africaine.
Il est membre de la Commission d’Urbanisme. Et membre du Conseil des Adjudications.
Il est membre de droit du Conseil d’Administration de la Régie de Distribution d’Eau et d’Electricité (Regideso).
Il est mandataire du Gouvernement au Conseil d’Administration de la Société de Transport Lacustre (Arnolac).
Il est membre du Comité National de Réforme et de Modernisation du Secteur Public.
En décembre 1966, il est Chef de Délégation lors des négociations difficiles entre l’ex Zaïre et le Burundi à propos du transport sur le Lac Tanganyika, notamment au moment du partage de la flotte lacustre.
Il est Chef de Délégation du Burundi au Symposium sur les Travaux Publics tenu à Lomé au Togo.
Il est Chef de Délégation du Burundi à la Conférence Internationale des pays riverains du Lac Tanganyika tenue à Kinshasa en République Démocratique du Congo.
En février 1967, il est Chef de Délégation de la Mission de bonne volonté en Tanzanie, Ouganda et Kenya pour relancer le commerce et le transport entre notre pays et la Communauté Economique de l’Afrique de l’Est. Mission comprenant aussi les Hommes d’Affaires du Burundi.
En mars 1967, il participe à plusieurs sommets des Chefs d’Etats de l’Afrique Orientale et du Centre tenus successivement à Addis-Abeba, Khartoum et Lusaka. Ces rencontres furent en quelque sorte annonciatrices de la Zone d’Echanges Préférentiels (ZEP). Les problèmes du commerce et des transports dans la région furent longuement débattus.
En juin 1967, Il est Chef de Délégation du Burundi à la rencontre des Ministres des Travaux Publics et des Transports des pays africains d’expression française tenue à Paris.
Le 01 juillet 1967, il obtient son grade effectif de Lieutenant.
En 1968, il est nommé Directeur de la Statistique au Ministère du Plan. Et participe activement à la rédaction du rapport final sur les Enquêtes Agricoles effectuées dans le Cadre de la Coopération Technique Française. Rapport qui fut rédigé à Paris.
En 1969, il retourne au Ministère des Travaux Publics comme Directeur Général.
Le 01 juillet 1969, il obtient son grade effectif de Capitaine.
Le 12 mars 1970, il fait partie des cadres retenus sur le continent africain pour effectuer un stage à l’Institut de Développement Economique de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement à Washington. En Juin de la même année, il met en pratique la quintessence des notions apprises au cours dudit stage à Madrid en Espagne. Et fait une étude sur l’exploitation et la rentabilisation d’un chemin de fer.
Le 09 octobre 1970, il retourne à l’Etat Major Général des Forces Armées comme Adjoint du Directeur du Génie.
En décembre 1970, il est désigné comme expert militaire par le Gouvernement du Burundi via les Forces Armées et membre de la Mission Spéciale du Conseil de Sécurité. Mission créée conformément à la Résolution 294. Il s’agissait du conflit de frontière opposant le Sénégal au Portugal en Guinée Bissau alors colonie portugaise. Le Burundi était à ce moment membre du Conseil de Sécurité.
Le 23 juillet 1972, il est adjoint du belge Leclerc au service 4 des Forces Armées à savoir la gestion et l’achat du matériel militaire.
Le 01 novembre 1973, il est commissionné au grade de Major.
Le 01 juillet 1974, il obtient son grade effectif de Commandant et devient le tout premier officier murundi à la tête du service 4 (gestion et achat du matériel militaire) en remplacement du belge Leclerc.
En 1975, il est nommé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Burundi en République Arabe Libyenne.
Le 01 juillet 1976, il obtient son grade effectif de Major.
Il est rappelé au pays en décembre 1976. Et travaille au Ministère des Affaires Étrangères comme conseiller.
Le 27 novembre 1981, il est placé en retraite anticipée à l’âge de 43 ans sous la 2ème République.
Il a mis à profit ce repos forcé pour s’adonner à l’élevage bovin. Activité pastorale dont il était féru jusqu’à la fin de ses jours.
Il vient de s’éteindre le 28 décembre 2012 à l’âge de 74 ans suite à un arrêt cardiaque.
Que Dieu ait son âme.
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