Les Hirondelles ont gagné dans la douleur
Compendium de la rencontre
Coup d’envoi : 15h30’. Début difficile pour les Hirondelles qui ne parviennent pas à asseoir leur jeu habituel de passes courtes. Déchets dans les combinaisons.
Les Warriors sortent alors leur jeu. Et le font d’autant plus aisément que la médiane des Hirondelles est fébrile et peu inspirée. Le virevoltant Papy Faty n’est pas dans un grand jour. Le fait d’aligner au départ Masumbuko Kalala à la pointe de l’attaque et deux milieux défensifs (Tambwe et Pierrot) à l’entrejeu ne produit pas les résultats escomptés.
Kalala est un médiateur et non un attaquant de pointe. Raison pour laquelle le match semble compliqué pour lui. Venant d’Afrique du Sud, il est arrivé à Bujumbura le lundi 27/02/2012 . Et n’a eu qu’une seule journée d’entraînement avant le jour J. Pas moyen de se familiariser avec le système collectif d’une équipe dans de telles conditions. A la 15’, Adel Amrouche le fait sortir au profit de Mavugo Laudit. Celui-ci occupe alors la pointe de l’attaque. Là aussi, la balle circule mal et nos garçons sont peu en jambes.
A la 19’, un corner zimbabwéen effectué par Tinashe Nengomasha donne des sueurs froides aux burundais qui dégagent la balle dans un sauve-qui-peut très perceptible. A la 34’, le zimbabwéen Vusa Nyoni effectue une frappe splendide à 30 mètres des bois gardés par Omar Wage. Tir puissant qui heurte la barre transversale. Grosse frayeur dans le camp des Hirondelles !
A la 42’, Saïdo Ntibazonkiza réveille ses coéquipiers perdus dans un sommeil prolongé. Et offre un caviar à Amisi Cédric qui, d’une frappe instantanée, envoie le cuir sur la barre transversale. Et ce, en pleine surface de réparation.
Le système offensif d’Amrouche est mis à mal par des zimbabwéens plus entreprenants sur les ailes avec ce diable de Vusa Nyoni. Quel joueur ! Là aussi : problème tactique côté Hirondelles car David Habarugira joue au poste d’arrière latéral droit. Il nous semble que sa place de prédilection se trouve à la défense centrale. Et non sur le côté latéral. Les montées fulgurantes de Makenze Karim manquent cruellement à ses coéquipiers. Car, David Habarugira ne sait pas le faire. D’ordinaire, ce n’est pas son rôle ! Fin de la 1ère partie sur un nul vierge de zéro but partout !
En seconde partie, Amrouche opère son deuxième changement : Tambwe sort et Fuwadi entre à la 46’. C’est à cet instant même que Mavugo Laudit ouvre le score suite à une passe déviée de la tête par Amisi Cédric. Laudy s’empare du ballon dans les 16 mètres et trompe la vigilance de Tapuwa Kapini qui ne peut que constater les dégâts ! 1er but burundais inscrit à la 46’. Le public retrouve le sourire après une première mi-temps timide chez les Hirondelles.
Attention à ces Warriors qui, aussitôt, passent à l’offensif. Ils le font facilement puisque les burundais commettent l’erreur de se replier en défense. Au lieu de chercher un 2ème but synonyme de chaos ! Et bien non ! Erreur tactique préjudiciable aux Hirondelles ! Pour preuve : la médiane burundaise devenue quasi-inexistante oblige la défense centrale des Hirondelles à ramasser un but marqué par l’excellent Knowledge Musona. Incompréhension totale entre Valéry, Demunga et le goal keeper Omar Wage resté figé dans ses bois. Erreur défensive commise suite à la fébrilité de la médiane burundaise. But égalisateur inscrit à la 60’. Score : 1-1.
A partir de là, on ne voit pratiquement qu’une seule équipe sur terrain : les Warriors du Zimbabwe. Meilleure occupation du terrain, meilleure circulation de la balle. Bref, meilleure maîtrise du jeu via des gestes techniques dignes d’une équipe bien préparée. A l’image de ce magnifique jeu de passes en triangle entre Terrence Mandaza, Mandla Sibanda et Archieford Gutu. Ce dernier envoie un tir fumant qui heurte le montant droit d’Omar Wage à la 68’. Mon Dieu ! Une peur panique hante les Hirondelles. Y compris leurs fans peu rassérénés ! Silence de mort au Stade ! Inquiétude généralisée !
A la 70’, David Habarugira sort et Nizigiyimana Karim dit Makenze entre pour essayer de porter le danger dans le camp adverse en passant par l’aile droite. Là, les choses commencent alors à mieux bouger ! Ntibazonkiza Saïdo et Fuwadi se montrent plus entreprenants et obligent la défense adverse à commettre des fautes. La pression burundaise s’accentue ! Car, Karim, frai, monte et le fait à l’aise devant des zimbabwéens accusant une certaine fatigue. Il envoie à la 89’ une passe en profondeur à Saïdo qui voit son centre dévié en corner par le défenseur Tapiwa Khumbuyani.
Corner bien botté par Fuwadi Ndayisenga qui trouve la tête de Valéry Nahayo, Capitaine des Hirondelles. Quel coup de tête amis sportifs ! Balle croisée de la tête avec une force herculéenne. Ballon envoyé au deuxième poteau de Tapuwa Kapini qui n’a rien vu ! 2ème but venant délivrer tout un peuple ! Le public exulte et je vois des supporters fondre en larmes ! Image féerique ! But inscrit à la 90′. L’entrée de Karim a quelque peu changé la physionomie de la seconde partie. Makenze, bravo !
Le 4ème arbitre indique 5’ de temps additionnel. Les burundais, certes rétamés, parviennent à préserver cette petite avance de 2-1 jusqu’au coup de sifflet final. Ouf !
Croyez-moi, le Zimbabwe est une excellente formation. En termes de possession de la balle, votre serviteur donne les statistiques suivantes : 1ère mi-temps (Zimbabwe : 55%, Burundi : 45%). 2ème mi-temps (Zimbabwe : 60%, Burundi : 40%).
Attention danger !
Lors de la manche retour, les burundais souffriront énormément s’ils continuent à mal se préparer faute de nos dirigeants sportifs. Il faut absolument revoir de fond en comble les préparatifs des Hirondelles. Pour les conformer aux normes du football moderne. Les matchs amicaux internationaux que d’aucuns réclament à cor et à cri sont indispensables. Avec raison, Amrouche les réclame aussi.
Faute de mieux, les Hirondelles n’ont qu’à croiser le fer avec les clubs phares de la capitale : Vital’O, Athletico, LLB Academic, etc. Les matchs amicaux internationaux sont les mieux indiqués pour tester l’équipe tant sur le plan des individualités que sur le collectif.
Nous avons 3 mois pour le faire. Si tel n’est pas le cas, faut pas s’attendre à un bon résultat à Harare ! Les Warriors ne sont pas faciles à triturer ! A bon entendeur salut !
Patrick Sota