Joseph-Antoine Bell répond aux questions de Philippe Zickgraf (Micro d’or 2008)
Posté par patricksota le 14 février 2012
Joseph-Antoine Bell : « La Côte d’Ivoire a plus failli que ses individualités »
Par RFI
Consultant pour RFI durant la Coupe d’Afrique des nations 2012, Joseph-Antoine Bell livre son analyse de la finale qui a vu la Zambie s’imposer devant la Côte d’Ivoire (0-0, 8 à 7 t.a.b). Pour l’ex-gardien des Lions Indomptables, c’est plus le collectif des Eléphants que ses individualités qui a failli dans ce tournoi.
RFI : L’Afrique s’est réveillée ce matin avec un nouveau champion, la Zambie, un beau champion !
Joseph-Antoine Bell : La Zambie est un beau champion ! Elle a largement mérité ce qui lui est arrivé. Elle l’a provoqué en allant chercher ce titre. Et elle l’a eu.
RFI : Au-delà de la finale, elle l’a mérité depuis le début de la compétition.
Joseph-Antoine Bell : Elle le mérite sur tout ce qu’elle a fait. Elle l’a bien fait et on l’a toujours dit. Elle a toujours su ce qu’elle devait faire et elle a tenté de faire ce qu’elle avait prévu. Elle l’a assez souvent réussi y compris en finale.
RFI : C’est la victoire de la continuité. On rappelle que sur les vingt-trois Chipolopolo, seize étaient là en 2010 et treize en 2010. Ces joueurs se connaissent sur le bout des doigts.
Joseph-Antoine Bell : Oui. Mais ils ne sont pas les seuls. Cela ne peut pas être la seule raison de leur succès…
RFI : Mais ils jouent davantage ensemble que les Ivoiriens. Ils participent au CHAN ou à la Coupe de la COSAFA (coupe sous régionale). C’est un plus !
Joseph-Antoine Bell : Cela peut les aider mais ce n’est pas ce qui a défavorisé les autres. Chacun doit pouvoir s’adapter à sa propre situation et ne pas vivre par procuration. Il ne faut pas toujours copier des solutions pour les calquer chez soi. Il faut savoir qui on est et vivre par rapport à soi même.
RFI : On avait parlé d’une opposition dans cette finale. Ya-t-il un style zambien ?
Joseph-Antoine Bell : La Zambie a construit son succès alors que la Côte d’Ivoire était plus puncheur. Avec ses individualités, elle pouvait faire la différence à tout moment. Elle peut cependant jouer différemment mais cette fois-ci, c’est ce qu’elle a présenté.
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RFI : La Côte d’Ivoire a manqué son match. Est-ce de sa faute ou à cause de la Zambie ?
Joseph-Antoine Bell : Je pense que la Côte d’Ivoire a manqué son match, au contraire des Zambiens, tout en ressemblant un peu à ce qu’elle a fait durant le tournoi. Mais ce match là, elle l’a beaucoup moins joué que les précédents où nous disions déjà qu’il manquait du jeu à cette équipe.
RFI : Au cours de cette finale, les vedettes et les joueurs d’expérience ont failli. Drogba, Kolo Touré et Gervinho ont manqué leur tir au but. Etait-ce un signe ?
Joseph-Antoine Bell : Non. Je ne leur ferais pas le reproche d’avoir manqué un penalty. Cela arrive. Si on en parle là, pourquoi ne pas se souvenir que face à la Guinée équatoriale Drogba avait vu son tir arrêté? Mais la Côte d’Ivoire avait gagné 3-0, et il avait marqué deux buts. On peut manquer une occasion dans un match et en transformer d’autres. Le vrai problème des Eléphants est de savoir pourquoi ne se sont- ils pas créés de véritables occasions pour pouvoir gagner ce match? Alors que l’équipe a des joueurs avec un talent qui permet d’espérer cela.
RFI : La Côte d’Ivoire doit-elle continuer à mettre l’ouvrage sur le métier avec le même groupe, le même entraîneur et les mêmes méthodes ?
Joseph-Antoine Bell : On ne peut pas aujourd’hui affirmer qu’il faut tout garder et repartir dans la même direction et avec les mêmes méthodes. Il faut forcément corriger quelque chose mais nous ne sommes pas responsables de cette formation pour leur dire ce qu’il y a à corriger et encore moins publiquement.
RFI : Didier Drogba a-t-il raté sa Coupe d’Afrique des nations ?
Joseph-Antoine Bell : Je ne le crois pas. Il a raté un penalty mais Messi ou Ronaldo les manquent aussi. Je crois que l’équipe de Côte d’Ivoire a plus failli que ses individualités.
RFI : Drogba a disputé deux Coupes du monde éliminé au premier tour, quatre phases finales de Can sans la gagner. Peut-il continuer jusqu’à la Can 2013 et jusqu’au Mondial 2014 ?
Joseph-Antoine Bell : La prochaine édition est déjà pour 2013. Ceux qui ont raté cette compétition ou qui ont l’ambition de la gagner peuvent rapidement se ressaisir et se réorienter sur celle-là, et peut-être garder l’espoir de la remporter.
Entretien réalisé par Philippe Zickgraf (Micro d’or 2008)
Joseph-Antoine Bell (Consultant de RFI) et Philippe Zickgraf (Journaliste sportif émérite de RFI) en train de retransmettre en direct les matchs de la CAN Orange 2012 pour le compte de Radio France Internationale (RFI). Deux superbes analystes du ballon rond et imprégnés d’une forte culture sportive. La quintessence et la profondeur de leurs analyses méritent qu’on leur décerne la Médaille d’Or parmi les commentateurs de la CAN Orange 2012. Hommage sincère et mérité !
Chapeau Messieurs !
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