
Lettre ouverte à Son Excellence Le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture
« De grâce, sauvez l’Equipe Nationale. Elle est sur un navire qui chavire ! »
Votre humble serviteur suit de près le football national. Ses écrits sont là pour le prouver. Cette lettre ouverte est adressée à un parmi ses anciens éducateurs en la personne de Jean-Jacques Nyenimigabo, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Et ce, pour lui montrer à quel point l’opinion sportive est exacerbée par les contre-performances répétitives de nos équipes de football sur la scène internationale. Monsieur Nyenimigabo semble voir les choses autrement. A l’instar de ses propos tenus lors d’une émission célèbre nommée « Akabizi ». Et passant presque tous les jours sur les ondes de la Radio Publique Africaine (RPA). Dans une ambiance guidée par le fair-play, mon objectif est de lui signifier que le football burundais est valétudinaire. Et qu’il faut le sauver au plus tôt ! Bonne réception.
Excellence Monsieur Le Ministre,
D’emblée et conformément aux usages classiques de la bienséance, je commencerais par vous saluer chaleureusement. Et vous souhaiter une santé de fer pour accomplir avec brio vos nombreuses missions.
Néanmoins, les propos que vous avez tenus sur les ondes de la Radio Publique Africaine (RPA) dans l’émission « Akabizi » m’obligent à réagir.
Contre toute attente et à la surprise générale, vous avez déclaré to de go que le football burundais se porte bien. Et que la Fédération de Football du Burundi (FFB) travaille bien. D’aucuns en ont été offusqués !
Du reste, les statistiques de la FIFA publiées le 13 avril 2011 contredisent vos affirmations. Tenez, sur 202 pays affiliés à cette instance suprême du football mondial, notre chère patrie occupe la 148ème position. Le 09 mars 2011, le Burundi occupait la 144ème place. Soit une perte de quatre places en un mois ! A cause de notre cinglante défaite à Nyamirambo devant les Amavubi du Rwanda.
Sur le plan africain (CAF), nous occupons la 42ème place sur 52 pays membres de la Confédération Africaine de Football. Pour dire que nous sommes parmi les dix derniers !
Sur les onze pays membres de la CECAFA, le Burundi vient en septième position selon les statistiques de la FIFA. Est-ce une raison de pavoiser ?
Au vu de ces résultats, il apparait clairement que le football burundais est égrotant ! Notre Equipe Nationale brille par moult contre-performances (tournois de la CECAFA, éliminatoires du CHAN 2011, tournoi du Nil, éliminatoires de la CAN 2012, etc.) Les résultats sont médiocres et devraient amener le Gouvernement via votre ministère à prendre le taureau par les cornes. Pour redresser cette situation des plus alarmantes.
Présentement, le staff technique des Intamba Mu Rugamba ayant orchestré ces échecs vient d’être reconduit par la présidente de la FFB. Pour préparer le match retour prévu à Bujumbura entre le Rwanda et le Burundi. Rencontre comptant pour les éliminatoires de la CAN 2012. Cette reconduction est faite au mépris de l’opinion sportive lasse d’un staff ayant de mauvais résultats. Quel coup de poignard dans le dos ! Dans le groupe 8 comprenant la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Rwanda et le Burundi, notre pays a terminé la phase aller de ces éliminatoires avec 1 point sur 9, soit un match nul et deux défaites consécutives en trois rencontres livrées. Tout ce qu’il faut pour être dernier ! Effectivement, le Burundi est, pour l’heure, la lanterne rouge du groupe 8.
Ramener des entraîneurs ayant échoué sur toute la ligne relève d’une effronterie audacieuse faisant rougir plus d’un ! C’est un cas atypique n’existant que dans un seul pays au monde : le Burundi. Ailleurs, la formule utilisée est sacro-sainte : « On maintient une équipe qui gagne, on change une équipe qui perd ! » C’est aussi simple que ça ! Pourquoi notre pays déroge-t-il à cette règle salvatrice sous d’autres cieux ? Voilà qui heurte la conscience ! De grâce, sauvez l’Equipe Nationale. Elle est sur un navire qui chavire !
Concernant la FFB, vous l’avez élevée sur le pavois. Au grand dam des supporters du football national. Et pour cause, une fédération violant outrageusement ses propres statuts ne mérite pas tant d’éloges. Pour preuve, la présidente de la FFB dirige la dite institution sans comité de gestion en violation flagrante de l’article 58 alinéas b et c. A la FFB, il n’existe plus d’Assemblée générale budgétaire depuis deux ans ! Donc pas de bilan financier depuis deux ans ! Ce qui va à l’encontre de l’article 30 des statuts de la FFB stipulant : « L’Assemblée générale budgétaire se réunit sur convocation du président de la fédération obligatoirement une fois par an au mois de décembre de chaque année… » Sachez aussi que cette Assemblée budgétaire doit avoir lieu obligatoirement avant le début de chaque championnat. Chose non faite durant ces deux dernières années. Gestion opaque maintes fois décriée !
Les griefs à charge de Madame Lydia Nsekera rempliraient un roman de série noire. Notre journal les a déjà étalés au grand jour lors des précédentes parutions. Inutile d’y revenir. Comment pouvez-vous alors prétendre que la FFB travaille bien ?
L’Assemblée Générale de la FFB est devenue un instrument pour casser ceux qui dénoncent cette mauvaise gestion. Pire : les mandats de ceux qui dirigent les associations provinciales ont expiré en 2008. Organe illégal qui, juridiquement, ne devrait prendre aucune décision.
Pourtant, le ministère dont vous avez la charge est resté de marbre quand quatre membres du Comité Exécutif de la FFB ont été illégitimement boutés dehors. Pas la moindre réaction ! Alors que les pouvoirs qui vous sont conférés par la loi pouvaient contrecarrer cette dérive totalitaire de Madame Lydia Nsekera. Cette dernière fait ce qu’elle veut parce que n’étant soumise à aucun contrôle. Pouvoir incommensurable ! Et bonjour les dégâts !
Depuis son accession à la tête de la FFB en 2004, aucun club n’a, jusqu’ici, réussi à dépasser le cap des préliminaires en coupes africaines (Coupe de la CAF et Ligue des Champions confondues). Sous son contrôle et diktat, l’Equipe Nationale est constamment sur une trajectoire descendante. Tout le monde s’en aperçoit. Dire que tout va bien à la FFB est une monstrueuse contre-vérité. Car, les faits sont têtus et prouvent exactement le contraire.
Aussi bien par tempérament que par éducation, je ne suis pas un adepte de la polémique, ni de la diatribe. Mais, la santé sans cesse languissante du football burundais remue mes tripes. Malaise indescriptible. Croyez-moi, c’est le lot quotidien des burundais suivant de près l’évolution du ballon rond ici chez nous.
Pour finir, je vous suggérerais de mettre en branle l’idée émise par El Hadj Hussein Nzisabira alias Musbah qui réclame à cor et à cri les états généraux du football burundais. Une sorte de tribune réunissant les acteurs du football national (y compris les anciens susceptibles d’apporter leur pierre d’édifice) pour disséquer le mal rongeant notre football. Et l’éradiquer en fin de compte.
Sur ce, je vous prie d’accepter, Excellence Monsieur Le Ministre, l’assurance de mes sentiments les plus respectueux et sportifs.

Patrick Sota
patricksota.unblog.fr