Interview d’Adel Amrouche datant de l’année passée
Posté par patricksota le 11 janvier 2011
Interview accordée par Adel Amrouche à Toufik O.
DZfoot.com après la CAN 2010 et juste avant la Coupe du Monde 2010
Ils sont rares les entraîneurs algériens à exercer au plus haut niveau en dehors de l’Algérie. Adel Amrouche, formé à l’école algérienne, s’est fait un nom et une réputation en dehors de son pays, auquel il reste toujours très attaché. Après s’être notamment forgé un joli palmarès au Congo en menant le Motema Pembe vers le succès, il a pris en main le destin de la sélection nationale du Burundi, qu’il dirige toujours. Découvrons ce technicien qui monte à travers ce long entretien.
Adel, avant même de terminer votre carrière de joueur, vous aviez déjà le gène de l’entraîneur… Bien sûr. En même temps que j’étais joueur en Algérie, j’entraînais déjà les jeunes joueurs. J’ai toujours eu la passion pour ce métier. J’ai débuté en tant qu’entraîneur au niveau des petites catégories, comme cela se fait habituellement, au sein de clubs réputés pour être des clubs formateurs au niveau national, comme l’OM Ruisseau et le RC Kouba. Le RCK a d’ailleurs fourni de nombreux joueurs aux sélections nationales. J’ai également travaillé à l’USM Alger.
Avant de vous lancer dans le métier plus tard, vous avez connu une sorte de parcours initiatique en procédant par étapes. J’ai compris que pour espérer devenir un entraîneur de niveau international et reconnu à l’étranger, il ne fallait pas griller les étapes et se former. Lorsque j’étais en Algérie, j’ai pu bénéficier d’études gratuites, je dois d’ailleurs remercier l’état algérien au passage pour cette facilité. Par rapport à d’autres pays, nous avons eu la chance d’avoir accès à des études gratuites, en recevant même une bourse. C’est donc quelque chose que je garde en mémoire et je fais en sorte de me montrer à la hauteur, histoire de représenter dignement mon pays.
Quel a été votre cursus avant de devenir entraîneur ? J’ai effectué ma formation à l’Institut des Sciences et de la Technologie du Sport d’Alger (I.S.T.S). Tout en terminant notre cycle de formation, avec les autres membres de la promotion, nous étions des élèves stagiaires dans des clubs algériens. Et dans le même temps, j’étais encore joueur puisque je menais ma carrière en parallèle. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de partir dans une équipe à l’étranger.
Est-ce que quelqu’un a contribué à votre vocation d’entraîneur en vous mettant le pied à l’étrier ? Lorsque j’étais joueur à la JS Kabylie, mes entraîneurs à l’époque, Salah Yousfi et Moh Younsi me prédisaient une carrière d’entraîneur, mais personnellement, je leur disais qu’il me serait impossible de faire ce métier qui paraissait compliqué pour moi, qui était le chambreur et celui qui mettait l’ambiance de l’équipe.
Vous ne pensiez pas avoir le profil d’entraîneur ? Je ne le pensais pas. J’étais entouré par des joueurs tels que Meftah, Aït Tahar, ainsi que les autres grands joueurs de l’époque, et sans le chercher, j’étais celui qui avait le don de regrouper tout le monde autour de lui pour faire un noyau dur. J’étais un meneur naturel. Moi-même, je ne le voyais pas, ce sont les regards extérieurs qui avaient fait ce constat. Ce qui avait été relevé par mes entraîneurs s’est vérifié avec le temps. Dix ou quinze ans plus tard, j’ai rappelé mes entraîneurs pour leur demander ce qui leur avait fait dire que j’avais le don pour devenir entraîneur, ils m’ont alors fourni une explication détaillée de toutes les choses que j’ai pu faire et qui ont fait naître chez eux cette conviction. Une anecdote, durant un match, pendant la mi-temps, l’entraîneur n’était pas présent dans les vestiaires, j’ai pris l’initiative, tableau à l’appui, d’expliquer aux autres joueurs comment il fallait jouer. Je faisais donc déjà office d’entraîneur, c’est ce qu’avaient constaté mes entraîneurs.
On peut dire que c’est à ce moment là que la vocation s’est révélée ? Oui, c’était à la JSK. Mais, je dois avouer que c’est aussi dû au fait que je suis un admiratif du travail de M. Mahieddine Khalef. Dans la gestion professionnelle du métier d’entraîneur, M. Khalef, aucun autre technicien n’équivaut à lui.
Quel est le talent de Mahieddine Khalef dans ce domaine ? C’est un véritable coach et manager. Ce n’est pas lui qui donne les entraînements, mais c’est lui qui met tout en place.
C’est donc, pour vous, un manager à l’anglaise ? C’est le manager à l’anglaise par excellence ! A l’époque, l’entraîneur qui m’a le plus inspiré dans le travail méthodique, c’est Salah Yousfi, mais le père spirituel restera pour moi Ammi Smaïl Khabatou.
Parlez-nous un peu de Ammi Smaïl Khabatou. Ammi Smaïl Khabatou, c’est un océan de connaissance ! C’est un philosophe du football. J’étais, si je puis dire, un peu son »chouchou’. ‘Je n’ai d’ailleurs pas voulu quitter l’OMR pour lui, car c’est lui qui m’a ramené dans ce club. Je ne regretterai jamais mon passage à l’OMR parce que j’ai beaucoup appris de lui. Il m’a appris à réfléchir et à être philosophe dans ma façon de voir les choses. C’est quelqu’un ouvert d’esprit, qui est inspiré par le yoga, c’est un maître dans le travail psychologique. Lorsque je suis parti en Afrique, quand je rentrais en Algérie, c’était le premier vers qui je me dirigeais pour avoir de ses conseils. Quand j’avais des problèmes, c’était le seul que j’allais voir. Il me donnait toujours les solutions adéquates. Je dois avouer que c’est grâce à Ammi Smaïl que j’ai réussi à débloquer bon nombre de situations très complexes.
Même à l’heure actuelle, il constitue toujours une source d’inspiration pour vous ? J’ai beaucoup appris avec lui et depuis, je suis toujours resté à l’écoute. La chose qui n’a pas été comprise en Algérie, c’est qu’on n’a pas su tirer profit des connaissances des personnes compétentes. Ammi Smaïl, sans être quelqu’un qui faisait des miracles à l’entraînement, est quelqu’un qui avait une philosophie et une conception du football qu’il fallait garder et développer, comme ce qui a été fait avec Aziz Derouaz, en handball. C’est un Monsieur qui m’a beaucoup inspiré dans mes choix tactiques, c’est tout de même un Algérien qui a innové en inventant un nouveau concept. La plupart de mes amis dans le sport, sont des handballeurs, à l’instar de Boubekeur Zermani, Reda Zeguili et d’autres anciens. Pour moi, le football se rapproche un peu du handball, le football en zone, c’est le football moderne. Aziz Derouaz jouait la zone, parce qu’il avait vu qu’on ne pouvait pas rivaliser au niveau physique avec les autres équipes. Il a donc décidé d’avancer sa ligne de défense pour chercher l’équipe adverse plus haut. C’est quelqu’un qui réfléchit et analyse. Avec cette innovation, il a pu donc solutionner un grand problème ! Quand je parle de similitudes entre les deux sports: En perte de balle, dans la reconversion défensive, tout le monde revient en arrière et s’organise.
Puisque vous évoquez le volet tactique, quelles sont vos convictions dans ce domaine ? J’ai évoqué le nom de Aziz Derouaz, sachez que j’ai beaucoup analysé et fait des recherches sur sa personnalité et sur sa conception, j’ai la même conviction et je suis fier de le dire. J’ai essayé d’adapter ses idées dans le football. Pour moi, je l’assimile à du football total: Tout le monde défend et tout le monde attaque. Tous les joueurs pressent l’adversaire, avec une défense avancée.
Vous n’êtes donc pas un coach rigide, adepte avant tout d’une défense compacte… Non. C’est avant tout l’animation du jeu qui prime. Je compose selon les qualités de mes joueurs, de l’adversaire… Il y a pas mal de paramètres qui entrent en considération. Il faut être souple et agir en fonction de la situation qui se présente à vous.
Après avoir quitté l’Algérie, vous avez entraîné en Belgique. Lorsque j’ai entamé mes études pour l’obtention de mes diplômes d’entraîneur, j’avais besoin d’un apport financier, j’ai alors entamé mon travail avec les jeunes en plus de mon statut de joueur. Il y a toujours eu une continuité dans mon travail, je n’ai jamais arrêté depuis mes débuts en 1988. Je suis resté dans le travail avec les jeunes, et même à l’heure actuelle, je collabore pour la douzième année de suite avec l’Union Saint-Gilloise, un des clubs les plus réputés en Belgique pour la qualité de sa formation. Je suis conseiller technique auprès de ce club. Nous avons pu sortir pas mal de bons joueurs à l’image de Gaby Mudingayi et Sanharib Malki. Je suis attaché à ce club, non seulement, il me permet de garder un pied dans le domaine des jeunes, mais j’apprécie également son côté multiculturel.
Quelle a été l’étape suivante ? J’ai eu l’opportunité d’aller au Canada, pour intégrer la direction technique en tant qu’entraîneur formateur, mais arrivé sur place, j’ai constaté que ça ne correspondait pas à ce que je recherchais. Le projet proposé correspondait plus à du long terme, en plus, je voulais me rapprocher de mon pays. Pour espérer atteindre le haut niveau, il faut passer par l’Afrique, c’est un très bon moyen pour progresser dans sa carrière. L’Afrique du Sud a été pour moi la porte d’entrée. Après mon passage dans ce pays, j’ai reçu une offre très intéressante, autant sur le plan financier qu’humain, en provenance du Congo, du Motema Pembe plus précisément. Accepter cette offre, c’était l’assurance de jouer devant 120.000 personnes, c’est un régal !
Vous êtes donc parti au Congo Démocratique, un pays en manque de stabilité à l’époque, avec des problèmes politiques… Je venais d’Algérie, et on entendait nous-mêmes les médias dire que l’Algérie était en feu et d’autres choses du même acabit. En fin de compte, nous connaissions la réalité des choses… Raison pour laquelle, j’ai fait abstraction de ce qui était dit à propos du pays dans les médias étrangers, et je dois avouer que j’ai trouvé un pays dans lequel je n’ai jamais eu le moindre problème durant le laps de temps où je suis resté sur place. Durant mon premier passage au club, j’ai reconstruit l’équipe et nous n’avions perdu que deux fois en 42 matchs, raison pour laquelle, les Congolais me réservent une place de choix de leurs cœurs. Lorsque je suis arrivé au Motema Pembe, de nombreux joueurs avaient quitté le club. Avec le président Hilaire Lumbaya, un diamantaire très connu, nous avons dû reconstruire l’équipe. Ce dernier, qui connaît bien le football, est un supporter du Standard de Liège, il voulait donc Aad de Mos pour entraîner son équipe. Ce dernier était sous contrat dans un autre club. Mon nom a alors été présenté, par un Algérien, au président du club, qui, lui, voulait plutôt un entraîneur confirmé. J’ai donc rejoint le Congo pour découvrir un autre monde.
Sportivement, l’aventure sera une réussite. Pour commencer, nous avons recruté de jeunes joueurs peu connus, avec un staff composé de locaux, car je n’avais pas le temps de m’occuper d’autres personnes que j’aurais ramenées avec moi. J’avais toujours en tête les conseils d’Ammi Smaïl Khabatou, grâce auxquels j’ai pu faire face aux entraîneurs locaux. Les règles et astuces qu’il a pu me donner m’ont servi pour une totale réussite avec mon staff, évitant ainsi d’éventuels problèmes.
En dehors du football, on connaît l’Afrique, parfois, il y a des paramètres comme les croyances et les coutumes locales qui peuvent interférer dans le football, comment cela se passait concrètement ? Tous les Africains qui connaissent bien le football, ont une idée du match Daring Motema Pembe – Vita Club. Lorsqu’on joue ce match, c’est en présence de 120.000 personnes au stade ! Une anecdote, comme j’avais la confiance du président, j’avais un œil sur les finances du club. Le matin de mon premier match face au Vita Club, j’ai demandé au trésorier de me dire combien on avait reçu comme prime de la part de nos sponsors. Après avoir refait les calculs, il y avait une différence de 9.000$ entre le chiffre avancé et mes propres calculs. J’informe alors le vice-président du club de ce constat. En fait, la différence avait été ponctionnée pour… rétribuer les féticheurs !
Ce comportement m’avait mis hors de moi, je tenais à ce que cette somme soit récupérée pour être donnée aux jeunes joueurs de mon équipe, les onze qui ont gagné le match. J’étais tellement en colère après cet épisode, que l’on s’en rappelle encore là-bas. Ce genre de comportement est inadmissible pour moi, je venais pour changer les mentalités, Dieu merci, nous avons réussi à les changer un tant soit peu. J’ai fais appel à un homme de religion, un prêtre, car j’avais dans mon groupe, des joueurs très croyants. Le prêtre participait à leur équilibre psychologique.
Quel est votre palmarès après ce passage au Congo ? Au Congo, j’ai gagné deux championnats et une coupe. Nous avons été en quart de finale puis en huitième de finale en Ligue des Champions. Nous avons également remporté la Super Coupe. Comme je disais précédemment, en 42 matches, on n’a perdu que deux fois lors de la première saison. En deuxième saison, nous n’avions perdu qu’un match de Coupe d’Afrique. Je pense qu’il sera très difficile pour quelqu’un de réaliser de pareils résultats. En tant qu’entraîneur, en trois ans de présence au Congo, je n’ai perdu que quatre matches.
Après le Congo, il y a eu l’Ukraine, encore une destination radicalement opposée. C’est le destin. Un ami manager m’a proposé d’aller en Ukraine, cela m’a intéressé pour voir un autre football. Il faut dire aussi que je restais sur deux saisons pleines au Congo, j’étais fatigué car il y avait beaucoup de pression, et je pense avoir fait le tour de la question là-bas. Je voulais goûter à autre chose. Je suis resté peu de temps en Ukraine. Après il y a eu une chose très intéressante pour moi, c’est mon passage en Azerbaïdjan. C’était magnifique, j’y ai appris la langue, dérivée de l’ancien turc. J’ai appris la culture du pays et me suis fait de nombreux amis. Après une saison en Azerbaïdjan, le Congo est revenu à la charge. Les supporters du Motema Pembe ont exercé une forte pression sur le président du club et ont même menacé les dirigeants du club de brûler leurs maisons si je ne revenais pas !
Cela ne devait pas être des mots en l’air seulement ? Oui. Ils étaient vraiment sérieux ! Le président du club était obligé de payer ce que je demandais ! (rires). Ce club est cher à mon cœur, j’ai donc pour cette raison effectué ma troisième saison avec cette équipe. Nous avons de nouveau été couronnés de succès. Dans ce club, on croyait en moi, et lorsque les gens et les joueurs croient en toi, c’est plus facile. Les gens te connaissent et savent que tu es sincère, que tu es là pour apporter quelque chose à l’Afrique, pas pour prendre. Ils savaient que je n’étais pas un mercenaire, j’étais venu les aider. Plusieurs joueurs que j’ai entraîné, qui étaient inconnus, sont devenus internationaux puis sont partis à l’étranger depuis. Les joueurs que j’ai eus sous mes ordres étaient attentifs, car ils savaient qu’ils avaient une bonne opportunité pour progresser. Ils ont besoin de moi et moi d’eux, c’est pour cela que j’arrive à faire de belles choses avec eux.
Le Burundi va alors faire appel à vous… Voila. Le Burundi, à travers son Président, son excellence Pierre Nkurunziza, qui est un ancien joueur de football, a envoyé un émissaire pour me rencontrer. Il faut savoir que la chaîne congolaise de télévision est disponible au Burundi, les Burundais connaissaient donc ce qui se passait sur la scène congolaise. Avant le match face à l’Egypte, et alors qu’ils avaient perdu le match aller (4-1), sous la houlette d’un entraîneur égyptien, les responsables burundais ont fait appel à moi, j’ai alors repris l’équipe. L’équipe burundaise était composée par des juniors. D’ailleurs contre l’Egypte, j’ai aligné sept juniors, et une équipe composée uniquement de joueurs locaux, nous avons fait (0-0). C’était la grande équipe égyptienne, qui était composée de joueurs comme Abou Trika, Mido, Amr Zaki… J’ai pu faire monter l’équipe au classement FIFA en atteignant la 100e place, ce qui représentait un classement historique pour le pays. J’ai pu, grâce à mes contacts notamment, permettre à seize de mes joueurs de partir jouer à l’étranger. Cela m’arrangeait qu’ils jouent à l’étranger pour progresser. C’était également dans les objectifs du président de la République, que ces joueurs partent jouer à l’étranger et qu’ils s’affirment pour que les médias parlent de la jeunesse burundaise qui réussit, et pas seulement du génocide.
Vous êtes toujours sélectionneur du Burundi. Oui, je suis toujours sélectionneur du Burundi.
On évoque une proposition de la fédération guinéenne, avez-vous un commentaire là-dessus ? Je fais partie des entraîneurs qui respectent leurs engagements…
Mais cela n’empêche pas les sollicitations… Oui. J’ai eu des sollicitations. Je peux vous dire qu’avant le match de l’Algérie face au Rwanda, j’ai été approché par la fédération rwandaise ! Le Botswana a également tenté une approche. Pour expliquer comment je raisonne, en fait, peu importe le nom du pays, c’est là où je peux faire du bon travail. Là où les gens sont réceptifs, là où je peux avancer dans mon travail, c’est là où je vais. Moi, ce n’est pas le nom du pays qui m’effraie. Si un entraîneur se dit ambitieux, c’est dans un pays où il faut tout reconstruire qu’il doit aller. Là où il devra reconstruire une équipe en partant de zéro. Mon plaisir, c’est de rénover une équipe en repartant du néant.
Avec La Guinée, ça reste au stade des simples contacts ? Non. Il y a quelque chose de sérieux. Avec la Guinée, il y a quelque chose en marche. Mais pour vous avouer, je suis fort avancé avec une fédération, et ça, même à la fédération guinéenne, ils sont au courant. Malheureusement, le président de cette fédération m’a imposé une clause de confidentialité. Je ne peux donc pas en parler. Mais sachez que tout devrait se clarifier après cette semaine. Je peux juste vous dire que c’est une équipe nationale très intéressante en Afrique et qui me sollicite depuis deux ans. Je vous informe également que la Libye est également intéressée.
Le Congo serait également sur le coup ? Concernant le Congo, je dois dire que je suis toujours en froid avec le président de la fédération. A l’occasion de mon premier passage au pays, alors qu’il était vice-président de la fédération, nous avions eu un différend. J’étais le seul entraîneur prédestiné à entraîner cette équipe étant donné que 80% des joueurs qui composent l’effectif de la sélection, étaient sous mes ordres. Je pense que c’est une question de temps, tout le monde, là-bas, est convaincu qu’un jour je prendrais la sélection du Congo, avec ou sans la bénédiction du président de la fédération. De toute manière, avec Constant Omari (président de la fédération congolaise de football, ndlr), nous nous sommes réconciliés après une réception chez lui. Nous avons fait la paix des braves. Prendre les rennes de l’équipe congolaise est quelque chose qui figure dans mes plans pour le futur.
Vous êtes à l’étranger, mais vous gardez certainement un œil attentif sur le football algérien, que pouvez-vous nous dire à propos du parcours de l’équipe nationale ? Non seulement, je garde un œil sur l’équipe nationale, mais je marche à ses côtés. Quand je vois le peuple algérien content, mes compatriotes heureux, je suis moi-même très content. Quand je vois cette joie pénétrer tous les foyers algériens, c’est formidable. Quand des personnes âgées ou de jeunes enfants s’intéressent à l’équipe nationale, cela nous incite à être aux côtés de la sélection, cela ne peut pas vous laisser insensible. Même si je suis sélectionneur ailleurs, je reste Algérien et je ferais de mon mieux pour épauler cette équipe. En tant que technicien, et étant donné que mon gagne-pain est en Afrique, je ne peux pas faire n’importe quoi. Je fais le strict minimum par respect vis-à-vis de mes amis présidents de fédérations étrangères. Il y a des échanges d’avis, mais je ne trahirais jamais une nation, il faut rester sportif !
Vous avez un contrat moral vis-à-vis de vos employeurs. Exactement. Il y a des pays et des gens qui m’ont ouvert leurs portes, mais leurs cœurs également, je ne peux en aucun cas les trahir. Cela reste seulement du football.
Quel est votre bilan de la CAN réalisée par l’Algérie ? En tant que technicien, j’analyserais en fonction des nombreux paramètres qui ont entouré cette CAN. Il y a eu l’humidité en Angola, la préparation d’avant-CAN… c’est tellement complexe. Je ne vais prendre en considération que le résultat purement technique, et c’est satisfaisant. Le bilan est bon et nous devons être contents. Après toute cette absence en CAN, il faut rester raisonnable. Cela fait longtemps que nous n’avions pas été en Coupe d’Afrique et encore moins en Coupe du Monde, il faut donc remercier le bon Dieu, les joueurs et les personnes qui sont derrière ce succès. Le plus important à présent, c’est de préparer l’après coupe du monde.
Justement, il y a la coupe du monde qui se profile à l’horizon, qu’est-ce que vous pensez de la préparation notamment ? J’ai des échos en provenance du staff technique de l’équipe nationale. Les membres du staff ont fait une étude très approfondie et des recherches qui ont abouti à des résultats. Ils font donc en sorte de faire ce qui doit être fait, au niveau de la préparation physique, pour mener cette équipe nationale à bon port. Pour le reste, ce sera le terrain qui déterminera les choses. L’état psychologique des joueurs devrait être un facteur déterminant vu que nous aurons pas mal de joueurs qui seront en manque de compétition.
Effectivement, nous avons plusieurs cadres qui jouent peu, quel pourrait être l’impact de ce manque de compétition ? Il y a deux paramètres qui peuvent quelque peu compenser ce manque de compétition: ce sont le mental et la tactique. C’est à l’entraîneur de savoir donner un champ d’action pour chaque joueur en vue de tirer de lui le meilleur ou mettre en place une tactique adaptée en limitant les distances, avancer le bloc-équipe, ou d’autres considérations tactiques.
Ce n’est donc pas forcément une mauvaise chose ? On va jouer trois matches. Il ne faut pas oublier que ces joueurs qui sont en manque de compétition se verront appliquer un plan de travail individuel. Je ne pense donc pas qu’on aura un problème de ce côté-là, car comme je le souligne toujours, c’est l’état psychologique des joueurs qui devrait faire la différence. N’oublions pas qu’une fois que l’Algérie se met à croire en ses possibilités, comme contre l’Egypte, elle peut se sublimer. Sur le plan footballistique, l’Egypte était plus forte que nous, mais mentalement l’Algérie était 1 milliard de fois plus forte. Notre mental, j’en suis certain, pourrait apporter un grand plus à notre sélection.
Le groupe de l’Algérie est connu, quelles sont nos chances selon vous ? Une chose à mon sens est importante: on ne va pas seulement jouer contre la Slovénie, l’Angleterre et les Etats-Unis, on va également être opposés à des entraîneurs de qualité. Rabah Saâdane et son groupe seront confrontés à deux éléments: la grandeur des équipes et celle de ses sélectionneurs ! On doit savoir comment raisonne un entraîneur comme Fabio Capello pour pouvoir le contrer. Nous devons réfléchir à sa façon de procéder, et quelle est sa conception. Rabah Saâdane est très compétant dans son domaine, j’espère donc qu’on le gardera le plus longtemps possible à la fédération car j’estime que c’est un trésor pour le football algérien. On n’aura certainement pas la tâche facile, ce sera très difficile sur le plan tactique face à de grandes équipes, raison pour laquelle, je mise, personnellement, sur l’aspect mental et sur la réponse tactique qui sera apportée par le sélectionneur.
Pour vous, le mental pourrait donc constituer la clé du succès ? Le mental et l’aspect tactique. A savoir, comment compte procéder le sélectionneur, quelle sera sa conception et le choix qu’il opérera pour contrer ces grandes équipes. C’est ces équipes-là qui ont tout à perdre contre l’Algérie, nous devons rejeter la pression sur nos adversaires, en ôtant la pression sur nos joueurs et en la mettant sur leurs adversaires.
Nul n’est prophète dans son pays, un proverbe bien connu… Adel Amrouche entraîneur en Algérie, est-ce dans le domaine du possible ? Si je ne devais pas être entraîneur, je serais président de la fédération ! (rires). Du coup, à la fédération, ils seront obligés de me nommer sélectionneur, sinon je serais à la tête de la fédération ! (il rigole franchement).
Avez-vous quelque chose à rajouter ? Je voudrais remercier tous les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé et ceux qui m’ont donné l’occasion de commencer sur le terrain et qui m’ont aidé, ainsi que tous ceux qui ont cru en moi, sans oublier mes parents et ma famille (mes oncles) qui ont également eu foi en moi. J’estime que ce que je réalise est seulement le début, je suis en train de donner le meilleur de moi-même pour représenter dignement l’Algérie en essayant d’être un bon ambassadeur de mon pays et de l’école algérienne. Je suis un descendant de martyrs algériens, c’est un devoir pour moi de continuer d’honorer leur mémoire en continuant d’œuvrer pour hisser haut le drapeau algérien, car c’est grâce à ceux que nous vivons dans un pays libre. Je remercie également votre site de m’avoir offert l’occasion de m’exprimer et à travers vous, peut-être, de donner du rêve et de l’ambition à certains cadres et techniciens algériens qui sont dans la même filière que moi et qui veulent également avancer. Je leur dirais que tout est possible, soyez fiers d’être Algériens et de vous-mêmes. Croyez en votre métier, c’est possible d’arriver encore plus haut. Je suis convaincu qu’il y aura des jeunes techniciens qui réussiront à réaliser une carrière plus intéressante que la mienne, même si elle n’est pas encore terminée. Je vous informe que ma prochaine étape devrait être l’Asie ou l’Amérique.
Source : Toufik O.DZfoot.com
Adel Amrouche est né le 7 mars 1968 à Kouba et a été un footballeur algérien. Après sa carrière de footballeur en Belgique, il s’est reconverti en formateur puis entraîneur. Il est diplômé de l’UEFA.
1990-1991 : Union sportive de la médina d’Alger
1994-2002 : RAA Louviéroise,RAEC Mons,Dendermonde,SK Lombeek-Liedekerke
Équipes entraînées
1996-2002 : Royale Union Saint-Gilloise (Belgique)
2004-2005 : Équipe nationale de Guinée équatoriale
2002-2004 : DC Motema Pembe (Kinshasa)
2004-2005 : Gençlerbirliği S.K.
2007-2010 : Équipe Nationale du Burundi de football (Les Hirondelles)
Consultant sportif
Consultant sportif pour Nessma, Adel Amrouche a commenté et a analysé les matchs de la Coupe d’Afrique 2010 et des matchs de la Ligue des champions de l’UEFA.
NB : Vous êtes nombreux à vouloir connaître le personnage d’Adel Amrouche. C’est chose faite à travers cette interview qu’il a accordée à DZfoot.com via Toufik O. Notez aussi que j’ai découvert pas mal d’informations le concernant sur internet dont son itinéraire comme joueur d’abord et comme entraîneur ensuite.
Patrick Sota
patricksota.unblog.fr
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